17 mars 2011 4 17 /03 /mars /2011 11:57

Cantilène du Chemin, Journal de pèlerinage,

Nanou Saint-Lèbe,

Aubéron, 2004.

 

Comme son titre l'indique, voilà un petit livre structuré comme une ritournelle, avec ses refrains, ses envolées lyriques, ses légendes jacquaires racontées au fil du chemin, entre quelques tranches, assez discrètes et pudiques, de l'expérience personnelle de l'auteure. Le tout forme un bel ensemble qui se lit avec plaisir. Je dois avouer que j'ai passé rapidement le récit des légendes jacquaires, tout comme la dernière partie, faite d'éléments historiques et de conseils pratiques aux pèlerins, mille fois lus et entendus par ailleurs. L'essentiel n'est pas là. Je garde les évocations très réussies des ambiances de certaines des régions traversées et de certains aspects du pèlerinage.

 

Extraits...

 

En Navarre :

"A perte de vue, des champs de deux verts ondulaient dans le vent : vert bleuté pour les feuilles et les tiges  et vert olivâtre pour les épis. Ce vert n'était ni le vert criard à faire grincer des dents, du printemps trop humide, ni le vert tendre un peu jaune des feuilles de hêtre à peine sorties des bourgeons. Ce vert binuance soutenu, bien que le vert olivâtre soit plus clair que le vert bleuté, était vent dans la campagne navarraise.

 

Et tandis que je cheminais, je disais à haute voix le poème de Lorca :

 

Verde, que te quiero,verde.

Verde viento, verdes ramas.

 

et j'ai compris le "vent vert" du poète en voyant les vagues dans les blés verts, plus aériennes que la houle bleue de la mer océane. Dans les champs de Navarre, le vent vert du poète courbait d'un côté les milliers de tiges qui se redressaient pour se courber à nouveau.

Et j'ai vu le vent vert, le vent courir dans les blés verts...

 

Et je suis passée sans laisser de trace, que celle du pèlerin qui passe."

p. 41-42.

 

En Rioja :

"Emprisonnée entre Navarre et Castille, la Rioja est une province discr!ète, attachante.

J'ai traversé des vignobles séculaires,

pénétré l'intimité de villages endormis dans l'oubli, aimé Logrono, la grande ville sur l'Ebre, et Najera qui fut capitale éphémère des rois de Navarre, adossée aux falaises de grès violine.

Sans cesse, j'ai dialogué avec l'Histoire.

Mes haltes favorites étaient auprès de fontaines généreuses et sous le porche accueillant des églises.

J'y ai savouré le calme du lieu autant que le repos que je m'accordais.

J'ai dégusté un fruit, l'eauou le pain qui s'offrait.

Et j'ai éprouvé du bonheur, rien qu' à tout cela.

J'ai croisé des regarrds amicaux, rendus des sourires, forcé des bonjours, remercié des saluts.

 

Et je suis passée sans laisser de trace que celle du pèlerin qui passe."

p. 66-67.

 

Sur la meseta :

"On n'avance pas, on fuit sur ce chemin de gravier blond, nu, bordé de fossés. On fuit l'ennui et le morne paysage. On va de l'avant, vite, sans un regard car il n'y a rien à voir que ce qu'on vient de voir, sans se retourner sur un paysage identique à celui qui est devant soi."

p. 95-96.

 

A propos des autres pèlerins :

"Chaque jour une vague nouvelle se forme à un point donné, Roncevaux et Puente la Reina étant les plus remarquables sur el Camino frances.

A côté du noyau de cette vague, suivent d'autres pèlerin,

ceux qui n'acceptent pas la vie communautaire, partis seuls ou à deux, en couple ou en  paire, côtoyant les autres le jour, s'entrouvrant à peine, se retrouvant le soir dans une chambre d'hotel, ne s'accordant aucune fantaisie de retard ou d'avance parce que l'hôtel suivant est retenu ou que leur retour est programmé,

ceux qui forment déjà, au départ, un groupe et qui sont sur le chemin pour resteer entre copains, et ils y restent,

enfin,"les voleurs du Chemin" qui accomplissent le trajet en prenant des moyens de transport et en se cachant des autres, pour avoir droit à une place au refuge où on les trouve installés, à la fin de l'étape, alros que nous arrivons, chargés de kilomètres, fatigués mais radieux.

Tous ceux-là marchent vers Compostelle à côté du Pèlerinage." 

p. 62-63.

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