8 novembre 2016 2 08 /11 /novembre /2016 17:46

Voilà un dessin que j'ai trouvé sur le site :

http://chemincompostelle.over-blog.com/2016/10/joan-un-pelerin-de-compostelle.html#anchorComment

Autant dire que j'aime beaucoup :-) !

Un dessin et un message explicite !
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18 mai 2015 1 18 /05 /mai /2015 19:39

Voici quelques prières trouvées ici et là pour se mettre en chemin.


Pour commencer, 3 psaumes, parmi mes préférés pour la marche, en traduction liturgique...

 

Ps 120 (121)

 

Je lève les yeux vers les montagnes

D'où le secours me viendra-t-il ?

Le secours me viendra du Seigneur

Qui a fait le ciel et la terre.

 

Qu'il empêche ton pied de glisser,

Qu'il ne dorme pas ton gardien

Non il ne dort pas ne sommeille pas

Le gardien d'Israël

 

Le Seigneur, ton gardien, le Seigneur, ton ombrage,

Se tient près de toi.

Le soleil, durant le jour, ne pourra te frapper,

Ni la lune durant la nuit,

 

Le Seigneur te gardera de tout mal,

Il gardera ta vie.

Le Seigneur te gardera au départ et au retour

Maintenant et à jamais.

 

Psaume 18A

 

Les cieux proclament la gloire de Dieu,
le firmament raconte l'ouvrage de ses mains.
Le jour au jour en livre le récit
et la nuit à la nuit en donne connaissance.

 

Pas de paroles dans ce récit,
pas de voix qui s'entende;
mais sur toute la terre en paraît le message
et la nouvelle, aux limites du monde.

 

Là, se trouve la demeure du soleil :
tel un époux, il paraît hors de sa tente,
il s'élance en conquérant joyeux.

 

Il paraît où commence le ciel,
il s'en va jusqu'où le ciel s'achève :
rien n'échappe à son ardeur.

 

Psaume 8

 

O Seigneur, notre Dieu,
qu'il est grand ton nom
par toute la terre !

 

Jusqu'aux cieux ta splendeur est chantée
par la bouche des enfants, des tout-petits :
rempart que tu opposes à l'adversaire,
où l'ennemi se brise en sa révolte.

 

A voir ton ciel, ouvrage de tes doigts,
la lune et les étoiles que tu fixas,
qu'est-ce que l'homme pour que tu penses à lui,
le fils d'un homme, que tu en prennes souci ?

 

Tu l'as voulu un peu moindre qu'un dieu,
le couronnant de gloire et d'honneur ;
tu l'établis sur les oeuvres de tes mains,
tu mets toute chose à ses pieds :

 

les troupeaux de boeufs et de brebis,
et même les bêtes sauvages,
les oiseaux du ciel et les poissons de la mer,
tout ce qui va son chemin dans les eaux.

 

O Seigneur, notre Dieu,
qu'il est grand ton nom
par toute la terre !


 

Une prière du matin bien connue :

 

Seigneur,
Dans le silence de ce jour naissant,
Je viens Te demander la paix, la sagesse, la force.


Je veux regarder aujourd’hui le monde

Avec des yeux tout remplis d’amour,
Être patient, compréhensif, doux et sage.
Voir au-delà des apparences
Tes enfants comme Tu les vois Toi-même
Et ainsi ne voir que le bien en chacun.


Ferme mes oreilles à toute calomnie,
Garde ma langue de toute malveillance ;
Que seules les pensées qui bénissent
Demeurent dans mon esprit ;


Que je sois si bienveillant et si joyeux
Que tous ceux qui m’approchent

Sentent Ta présence.


Revêts-moi de Ta beauté, Seigneur,
Et qu’au long de ce jour je Te révèle.


 

Une prière pour l'arrivée à Santiago, trouvée sur le site Radiocamino : Prière

 

J’aurai beau avoir parcouru tous les chemins,
traversant monts et vallées,
de l’Orient à l’Occident,
si je n’ai pas découvert la liberté d’être moi-même,
je ne suis arrivé nulle part.


J’aurai beau avoir partagé tous mes biens

avec des personnes d’autres langues et cultures,
j’aurai beau être devenu l’ami de pèlerins de mille sentiers,
avoir partagé des refuges avec des saints et des princes,
si demain, je ne suis pas capable de pardonner à mon prochain,

je ne suis arrivé nulle part.


J’aurai beau avoir porté mon sac à dos du début à la fin,
attendu chaque pèlerin qui avait besoin d’encouragement,
cédé mon lit à une personne arrivée après moi,
et offert ma bouteille d’eau sans rien attendre en retour,
si de retour chez moi ou au travail je ne suis pas capable

de créer la fraternité et de mettre la joie, la paix et l’unité,
je ne suis arrivé nulle part.


J’aurai beau avoir reçu de la nourriture et de l’eau chaque jour,
profité d’un toit et d’une douche chaque soir,
j’aurai beau avoir été soigné pour mes blessures,
si je n’ai pas découvert en tout cela l’amour de Dieu,
je ne suis arrivé nulle part.


J’aurai beau avoir visité tous les monuments

et admiré les plus beaux couchers de soleil,
J’aurai beau avoir appris à dire « bonjour » dans toutes les langues,
ou bu l’eau limpide de toutes les fontaines,
si je n’ai pas découvert qui est l’auteur de tant de beauté gratuite

et de tant de paix,
je ne suis arrivé nulle part.


Si à partir d’aujourd’hui je ne continue pas à marcher sur Tes chemins,
cherchant et vivant selon ce que j’ai appris,
Si à partir d’aujourd’hui je ne vois pas en chaque personne, ami ou ennemi,

un compagnon de chemin,
Si à partir d’aujourd’hui je ne reconnais pas Dieu, le Dieu de Jésus de Nazareth,

comme unique Dieu de ma vie,
je ne suis arrivé nulle part.


 

 

Et pour finir, mon icône favorite, une icone copte qui se trouve au Louvres :

Le Christ et l'abbé Mena...

 

 

Quelques prières pour le chemin
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30 avril 2015 4 30 /04 /avril /2015 16:19

Lors d'une eucharistie à l'université de Namur, une étudiante de ma connaissance a fait un témoignage sur son tour de France avec deux chevaux, témoignage paru ensuite dans la revue RiveDieu. Ce témoignage a fait forte impression sur tous ceux qui l'ont entendu, à la fois pour sa simplicité et pour la vérité existentielle toute crue qui y transparaissait. Je vous le livre ici tel quel. A méditer, comme on dit !

En fin de rhétorique, j'ai voulu marquer mon passage vers l'âge adulte par un voyage. Ma première grande décision en tant que personne libre et responsable. La liberté de prendre mes propres décisions, la liberté de ne dépendre de personne.

 

Mon rêve était de faire le tour de France à cheval. Je suis donc partie avec mes deux chevaux, une tente et quelques adresses. C'est ainsi que j'ai voyagé pendant deux mois, avec pour seule préoccupation d'admirer les plus beaux paysages, de faire les plus belles rencontres et de mettre un pied devant l'autre, jour après jour.

 

Pendant mon périple, j'aimais l'idée de vivre nomade, sans aucune attache, personne pour me dicter quoi faire ou ne pas faire. Je suivais mes envies en choisissant les chemins les plus jolis. Je savourais ce nouvel état de liberté.

 

Mais je pense que la vraie liberté se cultive à l'intérieur de soi. Alors que j'étais en quête d'horizons, je n'ai pas remarqué que mon esprit s'ouvrait et se fortifiait. Tous les matins, en reprenant la route, je savais que j'allais me retrouver avec moi-même. Avec seulement le claquement régulier des sabots de mes deux chevaux pour accompagner le fil de mes pensées. Au fur et à mesure des jours, j'ai appris à apprécier ma propre compagnie, au point, certains jours, de dévier mon trajet, pour m'assurer de ne rencontrer personne. J'explorais mon monde intérieur et j'y puisais toute ma force de la manière la plus naturelle qui soit.

 

C'est ainsi que, sans le savoir, j'ai découvert Dieu. Au fond, chaque jour était une immense prière, un dialogue avec l'univers infini. Je remerciais la nature pour les personnes qu'elle mettait sur ma route et je trouvais un sens dans chaque épreuve.

 

Nous avons souvent peur de nous retrouver avec nous-mêmes, peur de nous ennuyer ou peur de perdre notre temps. Pourtant, je crois que c'est précisément dans le silence que s'exprime la vérité. Dans notre société, nous avons la liberté d'expression mais plus le courage de nous taire. Se taire et simplement écouter ce que le monde a à dire.

 

Je n'ai donc plus de raisons de parcourir des kilomètres à la recherche de la liberté. Je sais qu'il me suffira de faire silence et d'écouter mon coeur.

 

Marie-Cerise

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27 novembre 2014 4 27 /11 /novembre /2014 13:07

Parmi toutes les pensées et toutes les anticipations d'avant départ, je n'en retiens qu'une : être ouvert et disponible à la nouveauté, à ce qui surviendra. Être animé vis à vis du chemin, des événements, des rencontres et de moi-même, d'une curiosité fondamentale, d'une ouverture fondamentale. Et me laisser faire.

 

Le premier pas

Ne sait que cela

Qu'il est le premier

Premier de tant d'autres.

 

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25 novembre 2014 2 25 /11 /novembre /2014 12:46

Suite de mes notes d'avant pèlerinage. Les précédentes avaient été écrites plus de six mois avant de partir, c-à-d. avant mon séjour d'un semestre aux Philippines. L'horizon était encore lointain et abstrait. Les deux dernières notes que je retranscris ici l'ont été dans les jours précédant immédiatement le jour J. Moins de mots, moins de théorie. Il ne reste que l'attitude fondamentale que je décide de faire mienne et qui, je ne le sais pas encore, m'accompagnera et portera ses fruits durant les trois mois que dureront le pèlerinage.

 


 

Maintenant que le départ est proche, la question se repose : pourquoi partir ? Que cherches-tu ? Si je suis honnête, je répondrai : pour tenir une promesse. Cette promesse faite à moi-même de me mettre en chemin. Car la grande retraite a supprimé l'urgence et la nécessité du pèlerinage. Je ne vais rien chercher à Compostelle. J'ai même eu l'étonnante impression que les autres, mes compagnons de communauté, accordaient plus d'importance à ce projet que moi-même. Mon défi, désormais, c'est le quotidien, l'ordinaire, le monotone, le tous les jours. Prier, construire ma relation retrouvée à Dieu un jour après l'autre. Et non aller chercher je ne sais quoi, je ne sais où. Un hypothétique Graal. Un quelque chose qui me rendrait différent.

 

Alors, quel sens donner encore à mon départ ?

 

Je vois deux défis. Le défi de la prière. Le défi de la rencontre. Donner à la marche la forme d'une prière, être prêtre en chemin. Et comment être ouvert à la rencontre, disponible à entrer en relation. Donc, cultiver le goût de la prière. Et cultiver le goût de la rencontre, de la confiance qui s'ouvre et va vers les autres sans appréhension. Et puis encore ceci, car il y a toujours une cédille à ajouter quelque part : l'humilité du marcheur, la vie au présent, l'accueil de tout ce qui se donnera à découvrir, du monde et de moi-même.

 

Bref, un bien vaste programme. Dont je verrai ce qu'il deviendra à l'épreuve du chemin. Car c'est lui, finalement, qui décidera ce qu'il me sera donné d'y découvrir.

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23 novembre 2014 7 23 /11 /novembre /2014 12:32

Je ne me le cache pas, il y a dans mon projet de partir vers Compostelle une part de fantasme. Celui d'un parcours initiatique, d'une connaissance particulière que le pèlerinage permettrait d'acquérir. Passer de l'autre côté du miroir, de l'autre côté des apparences. Découvrir la face cachée, le ressort secret, la dimension intérieure et authentique de la réalité. Goûter aux profondeurs de l'être. Toucher la vie dans son essence. Rien que ça. Le rêve contemplatif, mais aussi platonicien et vaguement gnostique, d'une "vraie" réalité, sous-jacente aux choses et à soi-même. Qui se révélerait au fil des jours et de l'expérience pèlerine.

 

Or, à la réflexion, il me semble évident que cette perspective est une illusion pure et simple. La seule réalité à découvrir est qu'il n'y en a pas d'autre que celle que l'on fréquente au quotidien.

 

Une intuition : ce n'est pas une autre réalité, plus profonde, plus secrète, plus intérieure, qu'il faut chercher, mais une conversion du regard qui fait voir autrement la même réalité et permet d'y trouver ce qui y est depuis toujours mais que nous ne voyons pas par manque d'attention ou de clairvoyance. Non pas une autre réalité, mais la réalité autrement. Comment tout se donne et se reçoit affectivement. Comment tout est donné, purement et simplement. Il n'y a plus qu'à recevoir, avec émerveillement et reconnaissance.

 

Si le pèlerinage ne fera pas de moi un initié, qu'au moins, il initie quelque chose de neuf !

 


Pour le plaisir, et aussi un peu par provocation, un poème du recueil de Fernando Pessoa "poèmes païens", antidote à tout romantisme, à tout gnosticisme, à toutes les illusions et à tout surcroît de sens que notre esprit se plaîrait à ajouter au réel, parce qu'il ne se résigne pas à ce qu'il ne soit que ce qu'il est :

 

Le mystère des choses, où est-il ?

Où est-il puisqu'il ne se montre pas,

Serait-ce pour nous montrer qu'il est mystère ?

Qu'en sait le fleuve et qu'en sait l'arbre ?

Et moi, qui ne suis rien de plus qu'eux, que puis-je en savoir ?

Chaque fois que je regarde les choses et pense à ce que les hommes pensent d'elles,

Je ris comme un ruisselet qui bruit frais sur une pierre. 

 

Car l'unique sens occulte des choses

Est qu'elles n'ont pas de sens occulte du tout.

 

Ce qui est plus étrange que toutes les étrangetés

Et que les rêves de tous les poètes

Et les pensées de tous les philososphes,

C'est que les choses soient réellement ce qu'elles semblent être

Et qu'il n'y ait rien à comprendre.

 

Oui, voici ce que mes sens ont appris tout seuls :

Les choses n'ont pas de significations. Elles ont de l'existence.

Les choses sont l'unique sens occulte des choses.

Fernando Pessoa, Poèmes païens, p. 67, Points poésie 1651.

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20 novembre 2014 4 20 /11 /novembre /2014 12:28

Suite de la retranscription de quelques-unes de mes notes d'avant pèlerinage. Sur la nécessité de se souvenir que rien ne nous est dû...

 


Garder les yeux et le cœur ouvert sera l'un de mes défis. Ne pas s'habituer, ne pas trouver normal, mais continuer de remarquer et de s'étonner. Rester curieux. Aussi ne pas refuser ce qui sera proposé, ce qui surviendra, ne pas juger. Et ne rien considérer comme dû.

 

D'expérience, quand on entre en randonnée, on finit par croire qu'il suffit de demander pour obtenir. Et quand un refus survient, c'est la colère qui surgit. Je me souviens de cette dame arrosant le jardin de sa villa près du Mont-Saint-Michel et refusant de remplir ma gourde alors qu'une flaque d'eau s'agrandissait à ses pieds tandis qu'elle me parlait. De mon geste précis et peu amène que je lui fis en lui tournant le dos au moment où son mari ouvrait la porte, se demandant ce que je leur voulais. Et de l’heure qui suivit à les vouer aux gémonies avant que ma colère ne s'apaise et que je revienne à la raison. Ils ne me devaient rien, pourquoi leur en vouloir, me mettre en colère et gâcher cette heure de marche dans cet environnement pourtant magnifique de la baie du Mont qui ne demandait qu'à être contemplé en paix ? Je pense aussi à cette boulangère ordonnant à sa demoiselle de magasin de remplir ma gourde, à moitié seulement, ou de cette épicière me refusant son eau parce que "nous en vendons en bouteille monsieur". Deux visages de la même mesquinerie à jamais gravé dans ma mémoire.

 

De ces expériences, je retiens que le chemin ne nous transforme pas autant que l'on voudrait. On aimerait croire à une sérénité acquise, à une équanimité réalisée, à une égalité d'âme... mais non. Ne pas croire, donc, que les autres doivent nécessairement être gentils et ne pas leur en vouloir quand ils ne le sont pas. Qui peut savoir leurs raisons ?

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15 novembre 2014 6 15 /11 /novembre /2014 11:06

Suite de la retranscription de quelques-unes de mes notes d'avant pèlerinage. Sur la nécessité d'en respecter la singularité...

 


Plus je pense à mon pèlerinage vers Compostelle, plus je me dis qu'il faut qu'il devienne mon expérience singulière. Absurde, bien sûr, car il ne saurait en être autrement. Mais cela veut dire : me détacher de tous ces récits lus à gauche et à droite, de toutes ces idées, aussi belles soient-elles, sur ce que doit être un pélerinage, sur ce qu'il faut y vivre et comment il faut le vivre, pour trouver ma petite musique personnelle.

 

Il y a ceux qui prennent Compostelle pour une sorte d'entraînement pour plus et mieux. Un pélerinage confortable parce que hyper-balisé et encadré. En attendant Jérusalem comme on attend Godot.  Pour d'autres, marcher quinze jours, est un exploit qui mérite déjà d'écrire un livre. Il y a ceux qui marchent sans argent, qui demandent l'hospitalité et ceux qui vont à l'hôtel. Quant à moi, je me verrais bien le faire en ermite, sans rencontrer personne. Idiot, encore une fois. Partir en pèlerinage sans vouloir se rendre disponible à la rencontre n'aurait aucun sens. Rencontre des riverains, rencontre des pèlerins. Ceux qui restent, et ceux qui passent. Deux faces d'une seule et même médaille : solitude et rencontre, demeurer et passer outre.

 

Plus j'avance, plus cette évidence me saute aux yeux. Ce pélerinage deviendra ce que j'en ferai, par mes choix initiaux, par mes attitudes, par ma manière de l'habiter. Mais je deviendrai aussi ce qu'il fera de moi. Et cela ne peut s'anticiper. Rarement, la conscience de commencer une aventure dont on sait qu'elle nous changera (ou pas ?), mais sans savoir comment, aura été aussi aigüe. Avec ce petit frémissement intérieur de désir, de crainte, d'espérance et d'anticipation. J'ai hâte !

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13 novembre 2014 4 13 /11 /novembre /2014 12:10

Dans les mois et les semaines qui ont précédé mon départ, j'avais noté dans mon journal quelques pensées à propos de ce pèlerinage que je m’apprêtais à faire. En les relisant après coup, je me dis que ce n'est pas inintéressant de vous en communiquer l'un ou l'autre extrait.

 

Où l'on mesure ce qui s'est réalisé de mes idées préconçues et ce qui est resté au paradis des intentions non réalisées ou des illusions de celui qui ne sait pas encore de quoi il parle...

 


Partir pour Compostelle. Quoi de plus banal ? Ils sont des milliers à le faire chaque année. Et des dizaines en publient le récit. A pied, en vélo, avec un âne, ou deux, en famille, en marchant sur les mains... il faut bien pouvoir annoncer quelque chose de différent. Il y a vingt ans, le seul fait de partir suffisait. Plus aujourd'hui. C'est devenu un lieu commun. Une des phrases les plus entendues : "Compostelle ? Ah oui, je connais quelqu'un qui l'a fait." Rien d'original donc.Tant mieux ! Ce ne sera pas un exploit. Mais ce sera. Au moins comme un départ. Car, bien sûr, je ne maîtrise pas l'arrivée. Le physique tiendra-t-il ? Et le moral ? J'ai beau avoir randonné plusieurs semaines par le passé, l'inconnue demeure. Qui sait de quoi le chemin sera fait ?

 

 Alors ? Quelle sera le propre de ma démarche ? L'attention à la recherche intérieure peut-être. A ce qui se produit dans le simple fait de marcher. D'un point de vue philosophique, existentiel et spirituel aussi. Quelques règles.

 

  • La première sera de ne refuser aucune invitation. Mon expérience me dit qu'il n'y en aura pas beaucoup. Peu importe. Savoir dire oui à ceux qui croiseront mes pas.
  • La seconde règle sera de ne pas oublier que rien ne m'est dû, en particulier quand on me refusera l'eau ou le gîte.
  • La troisième règle : prendre mon temps. Aussi peu d'objectifs de timing et d'échéances à atteindre que possible. Si un lieu me plaît, m'y arrêter aussi longtemps que m'y porte mon goût.
  • Quatrième règle : prendre le temps de la prière : matin, soir et, si possible, à midi.
  • Cinquième règle : prendre un jour de repos quand nécessaire et ne faire qu'une demi étape le dimanche.
  • La sixième règle sera de privilégier le camping sauvage et le bivouac. Sauf une fois par semaine pour la douche et la lessive (sic!!!).
  • La septième règle : noter tous les soirs quelques mots. Qu'ai-je vécu aujourd'hui ? Quelle fut la météo affective de cette journée ? Ai-je appris quelque-chose ?

 

Ai-je des craintes avant de partir ? Essentiellement deux. D'abord que le physique ne suive pas, bien sûr. Genoux, tendinite, accident... Ensuite, le chemin espagnol : l'afflux, le monde, le troupeau. Que le pèlerinage ne me soit volé par la foule. Honnêtement, je ne vois rien d'autre.

 


Si vous avez lu quelques pages de mon récit, qu'en pensez-vous ? Pour ma part, j'y trouve un mélange d'intuitions très justes et d'illusions ou de naïvetés typiques d'avant départ.

 

  • Les règles un et deux ont été autant que possible respectées.
  • La règle quatre a été respectée dans son esprit sinon dans sa lettre.
  • La règle trois ne l'a pas été autant que j'aurais voulu. C'est fou comme on se met des échéances et des objectifs à réaliser qui finissent par nous imposer leur rythme.
  • Je n'ai jamais vraiment respecté la règle cinq. Je n'ai pris que trois jours de repos sur tout le parcours et jamais de demi dimanche ! C'est tout simplement contre la nature de la marche elle-même.
  • La sixième règle me fait bien rigoler aujourd'hui. Dès qu'il y a eu la possibilité d'un hébergement pélerin, je m'y suis précipité avec délectation. Rien ne vaut un bon matelas sous un toit en dur, quoi que les adeptes du plein air puissent en dire. Mon seul regret est de ne pas être revenu au bivouac, de temps en temps, en Espagne.
  • Quant à la septième règle, j'ai tenu environ une semaine... A quelqu'un qui me demandait comment j'avais fait, sans notes, pour me souvenir si bien de tout ce que j'ai raconté, j'ai répondu : "mon journal, ce furent finalement mes photos." Après coup, je suis surpris de la précision de certains souvenirs. Quant à ce que j'ai oublié... impossible de juger, bien sûr !
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2 octobre 2014 4 02 /10 /octobre /2014 12:51

Contrairement à l'opinion commune, il pleut beaucoup moins qu'on ne le dit. Je l'avais déjà constaté pendant les nombreuses années où je me suis rendu au travail à vélo. Cela s'est vérifié une fois de plus sur le chemin de Saint-Jacques. Les doigts d'une main suffisent à dénombrer les vrais jours de pluie. Un jour avant Namur, un jour dans la Creuse, un jour dans les Montes de Oca et puis par-ci par-là une matinée ou une après-midi, comme avant d'arriver à Issoudun, à Crozant ou à Santiago. C'est tout.

 

Quoi que rares, ces jours pluvieux exercent un pouvoir particulier sur le pèlerin et lui laissent une impression singulière.

 

Lorsqu'il se met à pleuvoir, on pense d'abord que ça ne va pas durer. On se met en mode "ce n'est qu'un mauvais moment à passer". On enfile sa cape ou sa veste, on rentre les épaules et on continue. Les sens se réveillent. Il y a le bruit des gouttes sur la capuche ou sur les feuilles des arbres. Un crépitement qui commence dans la discrétion et finit par recouvrir tous les autres bruits. Plus rien n'existe que la pluie qui tombe et sa bulle sonore. L'humidité s'en prend bientôt aux lunettes. Éclaboussures venues du ciel, buée due à la respiration. Pas moyen de s'en débarrasser. La vue se brouille. L'horizon se rapproche. Se rétrécit. Finit par se confondre avec la pointe des souliers. La température chute. Au début, la marche tient chaud. Mais dès le premier arrêt, la première pause, la crudité de l'atmosphère transit jusqu'aux os et incite à ne pas s'attarder. Les parfums, par contre, explosent de toute part. L'humidité réveille mille-et-une senteurs d'écorce, de terre, d'herbe, de champignon... Tout ce qui attendait la pluie pour s'activer s'empresse de profiter de l'aubaine. Et cela se sent.

 

Passé le premier mouvement d'humeur - Oh non, il ne va pas se mettre à pleuvoir ! - l'averse avive l'attention, sollicite les sens et offre un changement bienvenu. Pour un temps seulement. Car l'eau commence à s'infiltrer, malgré toutes les protections et toutes les membranes respirantes. La transpiration achève le travail. Pluie du dehors, sueur du dedans : on n'échappe pas à l'élément liquide. Il mouille les cheveux, coule dans le dos, plaque le pantalon sur les cuisses... On commence à maudire le sens de l'économie qui nous a fait renoncer à la superbe veste gore-tex à 300 euros garantie tout temps, oubliant au passage qu'elle aurait occupé la moitié du sac-à-dos. On serre les poings sur les poignées de ses bâtons de marche. Il ne manquerait plus qu'un petit vent de face pour couronner le tout.

 

Alors, on ferme les écoutilles. La pluie isole. Enfermé dans son harnachement, comme un moine sous sa capuche, on s'efforce de ne pas penser, de ne pas visualiser le chemin qui reste à faire, le temps qui reste jusqu'à l'étape. On prend sur soi et on avance, avec obstination. Lorsque la pluie a fait son œuvre et qu'il ne nous reste plus un poil de sec, l'inquiétude disparaît. On ne peut pas être plus mouillé que mouillé. Il ne reste plus qu'à avancer. Jusqu'au bout.

 

Comme l'esprit ne peut plus se tourner vers l'extérieur, il rentre en lui-même. Se recroqueville, comme un corps fourbu qui se roulerait en boule pour dormir et ne plus penser à rien. Puis commence une partition qui lui est propre. Souvenirs, évocations, réflexions, ritournelles, échappées imaginaires, tout est bon pour meubler le temps et passer les kilomètres. A vrai dire, meubler n'est pas le terme qui convient. Car ce travail de l'esprit, le plus souvent, n'est pas volontaire. On ne choisit pas le fil de ses pensées, on laisse courir. Et pour peu qu'on ne se censure pas, les méandres de leurs divagations nous mèneront en des lieux insoupçonnés. Quelles ressources ne cache pas notre imaginaire ! Envolées métaphysiques, dialogues intérieurs, scènes de la vie passée rejouées en d'innombrables variations, impromptus érotiques ou scénarios romantiques... La marche se transforme en un rêve éveillé. Et pour un peu, on voudrait que la pluie ne cesse jamais !

 

Pourtant, quand l'étape arrive, ou l'éclaircie en fin d'après-midi, le pèlerin se sent d'un coup libéré d'une d'oppression dont il n'avait pas conscience. Il s'étire, sort de sa coquille, reprend avec plaisir contact avec le monde. Rejetant le capuchon ou la cape, il retrouve une perception libre et sans entrave. L'esprit abandonne son jeu hypnotique. Respire à neuf. Le monde étouffé, assourdi par la pluie, redevient clair. Et distinct. L'atmosphère, lavée par la pluie, montre une transparence étonnante. Les sens y trouvent une acuité nouvelle. Le sourd entend. L'aveugle voit. Et le pèlerin renaît.

 

Pour rien au monde je ne voudrais d'une randonnée sans ses jours de grisaille et ses jours de pluie. Non par masochisme, mais parce qu'ils y laissent une empreinte à nulle autre pareille. Qui, autrement, manquerait. Comme il manquerait un je ne sais quoi d'insaisissable et d'essentiel à une vie qui n'aurait jamais connu de larmes...

 

Les jours de pluie
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