21 janvier 2011 5 21 /01 /janvier /2011 20:59

Le jour du départ, toute la communauté (jésuite) m'a accompagné sur le seuil de la maison pour me dire au-revoir. C'était presque trop. Derrière les sourires et les boutades, il y avait, je pense, une émotion véritable. Qui sait ?

 

Bois du Sart Tilman

Pour les premiers kilomètres, un confrère de retour du Congo avait décidé de m'accompagner.  A ma grande surprise, les deux ou trois kilomètres annoncés au départ se transforment vite en trois bonnes heures de marche, ensemble, jusqu'au Sart-Tilman. Un tiers de l'étape, donc. En chemin, il me raconte des souvenirs d'enfance, les difficultés de sa vie en brousse, ses appréhensions au moment de retourner en Afrique. Ses confidences me touchent et quand nous nous quittons, à l'arrêt du bus qui redescend vers la ville, j'ai les larmes aux yeux. Serait-ce maintenant le vrai départ, le vrai commencement ? Désormais je suis seul. C'est ce que j'ai voulu, non ? 

 

Le chemin qui suit, je le connais déjà pour l'avoir fait lors de randonnées précédentes. Contourner le terrain de golf, descendre dans la vallée, passer La Roche aux Faucons, redescendre vers l'Ourthe et enfin remonter vers le plateau, traverser la route du Condroz et arriver à Saint Séverin. En chemin, je me ravitaille en eau auprès d'une vieille dame qui prend le soleil dans son jardin. Elle me parle de ses fleurs, de ses légumes, de ses enfants. C'est déjà la familiarité spontanée de ceux qui restent pour celui qui passe. Je repars le coeur léger. Ce simple fait de demander un peu d'eau pour ma gourde, m'installe définitivement dans le chemin. Je me sens randonneur à nouveau. De retour chez moi. Mais pas encore pèlerin !

 

Bientôt, la tour romane attendue se profile à l'horizon, alors que le crépuscule commence

à tomber. Première émotion "historique". Dans mon imaginaire, Saint-Séverin est un haut-lieu du chemin. Son prieuré roman, construit par les moines de Cluny, donne à la fin de cette première étape un petit parfum bourguignon. Un avant-goût, modeste encore, de Vézelay.

 

Saint Séverin en Condroz

A mon arrivée, je suis accueilli par le couple qui tient l'accueil pour pèlerins, tout à côté de l'église. Sympathique en diable, la dame propose de me réchauffer une lasagne que son mari m'apporte un peu plus tard. Je n'oserai pas leur dire, le lendemain, qu'elle n'était pas complètement dégelée ! Qu'importe, c'est le geste qui compte.

 

En soirée, je m'assied sur un banc, devant l'étang où se mire l'église illuminée. Je suis paisible, sans inquiétude. Ce premier jour s'est bien passé. Un psaume m'accompagne. C'est le premier du psautier, comme il se doit : "Heureux l'homme... " On ne peut mieux dire !

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