Une buse tournoie dans le ciel bleu.
Au loin, la falaise de La Roche-aux-Faucons déploie sa ligne calcaire.
Tout à l'heure, je contemplais la vallée de l'Ourthe depuis ce promontoire vertigineux. A présent, c'est mon perchoir que je regarde depuis les berges de la rivière. Il y a moins d'une heure là-haut, à présent ici. Il y a deux semaines, je décollais de Taïpei où je terminais six mois sabbatiques. Il y a un an, je rêvais de ce départ vers Compostelle, sans oser l'espérer.
Que vois-je alors que je regarde ce lieu où j'étais il y a quelques instants encore, regardant le point où j'en suis à présent sans savoir encore que j'y serais un peu plus tard, regardant cet endroit d'où je viens et où j'étais ? Et que vois-je aujourd'hui, alors que je repasse les lieux, les photos, les souvenirs, pour commencer ce récit de mon pèlerinage ?
J'étais là. Je suis passé ici. J'ai rencontré cet homme. Cette famille m'a hébergé. Quel froid la nuit où j'ai dormi à cet endroit. Et cette ligne droite interminable. Et cette chapelle accueillante pendant que la tempête faisait rage ! Et cette beauté qui saute aux yeux sans crier gare. Et cet émerveillement. Et cette douleur qui inquiète. Et cette solitude qui soudain pèse. Et cette amitié incertaine, née de peu ? Une somme d'impressions, de solitude. Une somme de rencontres.
Tout comme au moment du départ, je ne savais pas si j'arriverais au bout de la route, au seuil de ce blog, j'ignore si mon récit ira plus loin que ce premier article. Tant d'autres ont écrit leurs souvenirs, les ont publiés. Ai-je quoi que ce soit d'original à ajouter ? Mais si chaque chemin est singulier, alors le mien aussi vaut sans doute la peine d'être raconté.
En avant donc. Il faut toujours un premier pas !