31 mars 2015 2 31 /03 /mars /2015 11:52

Voici un extrait d'un nouveau récit de pèlerin, un de plus, au style mi-figue mi-raisin, mais qui m'a intéressé parce qu'il a fait presque le même parcours que moi, partant de Namur plutôt que de Liège... J'y ai retrouvé avec émotion bien des lieux, des paysages, et même parfois des personnes rencontrées !

 

Dans cet extrait, il raconte sa conversation avec l'hospitalière de Saint-Ferme.

Andrée n'a pas été gâtée par la vie. Elle a été mariée à deux reprises et s'est, à chaque fois, retrouvée veuve. Avec trois enfants, elle a dû faire front en dépit d'une tristesse omniprésente. Un jour, elle a décidé, mue par une force, un appel venu des profondeurs de son être, de partir sur les chemins de Compostelle pour faire le point, désorientée par ce funeste destin. Et c'est là, au milieu de cette bienveillante solitude, qu'elle a su renaître.
D'une voix posée, elle m'a expliqué les bienfaits du chemin, une véritable révélation pour elle : "Tout au long de mon périple, je me suis sentie accompagnée. J'ai eu la certitude que mon second époux, qui venait de décéder, me tenait la main, m'épaulant sur ce parcours exigeant. Il est mort serein, sans aucune appréhension... J'ai donc puisé dans ce courage la force nécessaire pour ralier Santiago, faisant fi des difficultés mentales et physiques. Grâce à cette formidable expérience, à cet esprit du chemin, je suis revenue de très loin. En une fois, mon coeur s'est libéré d'un poids énorme. Je peux dire que j'ai été pénétrée d'une émotion profonde que je n'avais jamais ressentie auparavant. "
De retour de Santiago, Andrée a décidé de consacrer du temps aux autres en devenant hospitalière. Ainsi, depuis une dizaine d'années maintenant, elle pérégrine en différents lieux de France, posant sa valise, l'espace de quinze jours pour accueillir des pèlerins venus des quatre coins du monde. Sacré défi de composer au quotidien avec ces caractères différents, de porter avec ces personnes un fardeau parfois insoutenable... Je n'oublierai jamais son regard quand elle m'a dit : "Tu sais, tout change quand on prend le temps d'aller vers les autres... Cela donne du sens à la vie."
Christian Debruyne, De Namur à Compostelle, éditions Memory, pp. 180-181.
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