6 février 2015 5 06 /02 /février /2015 12:18

Second extrait du livre de Claire Colette, "La saveur du chemin". Au moment de la transition entre le chemin français et le chemin espagnol. Une étape cruciale, comme tous ceux qui sont passés par là le savent bien. Et donc, après la guérison du corps et du coeur, voici l'âme qui entre en scène, par la grâce du sentiment de gratitude...

En Espagne, au rythme de l'âme, enfin !

 

Jeudi 24 août : Saint-Jean-Pied-de-Port. Kilomètre 1600.

 

Le sommeil me quitte vers cinq heures ce matin. J'ai dormi grâce aux boules Quiès ! Avec dix personnes dans la chambre, je me suis prémunie contre les ronflements, les allées et venues de certains, la proximité des lits et donc de l'autre, de sa présence, de son odeur ; je n'ai pas encore l'habitude de la foule, depuis que je me suis mise en chemin il y a maintenant près de deux mois.

Quel bonheur, quel cadeau d'avoir pu marcher deux mois entiers dans une douce solitude ; j'en avais un tel besoin et j'ai reçu ce dont j'avais besoin ! Merci... tellement ! Sans ce silence, sans cette solitude, je n'aurais pu m'approcher de moi comme je l'ai fait. Gratitude. Je redécouvre ce mot, son épaisseur, sa beauté. La gratitude ressentie me permet de comprendre que tout ne m'est pas dû mais que tout peut m'être offert.

Laisser grandir au plus profond de mon coeur cette gratitude pour la vie qui me traverse chaque jour.

 

Rendre grâce, n'est-ce pas une merveilleuse manière d'entrer en prière ? C'est aussi une nouvelle expérience, une avancée en terre inconnue pour moi...

Des mots nouveaux apparaissent à la surface de mon être, spontanément ; la gratitude et rendre grâce sont de ceux-là. Un autre ? La jubilation. Je n'ai jamais utilisé ces mots avant ce chemin. D'où me viennent-ils ? Mystère. Dans tout le brouhaha de ma vie passée, comment aurais-je pu les entendre ?

Et quand tout s'est apaisé, nettoyé, vidé, ce qui se vit prend toute la place, devient merveille, extraordinaire.

 

Je dois maintenant quitter cette retraite et revenir dans "le monde" du chemin espagnol, accepter de bousculer ce bien-être clos tout en préservant cette nouvelle alliance retrouvée avec mon âme.

Durant cette première moitié de vie, (...) j'ai vécu sur un tapis roulant, m'embarquant dans un rythme fou qui m'empêchait de mesurer, de déguster à sa juste valeur chaque personne, chaque moment, chaque événement ; j'étais peu à l'écoute de mon être, de mon âme... (...)

Dans la frénésie de mes journées, de mes années passées, je n'ai pas pu attendre mon âme : je m'étais amputée de cette dimension et je vivais même à côté d'elle, voire bien loin d'elle ! Aujourd'hui, (...). je me sens habitée d'une dimension qui me dépasse. Je m'engage à la respecter, à me mettre à son écoute durant cette seconde partie de ma vie.

pp. 203-204.

 

Partager cet article
Repost0

commentaires