28 septembre 2014 7 28 /09 /septembre /2014 10:02

Dans les westerns, il y a souvent cette image d'un cow-boy solitaire arrivant dans une ville déserte. Le vent soulève un voile de poussière. Une porte de saloon oscille comme si quelqu'un venait d'y entrer. Un corbeau coasse et s'envole. On s'attend à tout moment à ce que quelque chose se passe. Fondu. Noir. Plan suivant.

 

Lors de l'écriture de ce blog, une image semblable n'a cessé de me poursuivre. A mesure que le récit avançait, qu'il traversait l'Espagne, que Santiago approchait, une ville fantôme s'est imposée à moi. Je me revois arrivant par un chemin en pente au fond d'une vallée étroite. Un hôtel restaurant et sa terrasse décorée d'une multitude de drapeaux surgit sur ma droite. Puis c'est la ville même. Assez grande. Une église faite de grosses pierres grises, une rue pavée, une rivière canalisée qu'il faut traverser. La plaza mayor immense et vide. Je cherche un magasin pour me ravitailler. Il fait gris. Commence-t-il à pleuvoir ? Dans une rue latérale, je dégotte une tienda toute en longueur où j'achète du chocolat et une boisson sucrée. Je grignote mon en-cas sous une arcade de la grand-place puis reprends la route. Je m'en vais par une ruelle où de gros engins de chantier travaillent à refaire la chaussée. Le chemin continue.

 

Sauf que... pas moyen de me rappeler où se trouve cette ville, ni quel est son nom. J'ai beau parcourir le topo-guide, passer en revue mes répertoires photos, aucune trace ne correspond. Impossible de relier ces images à un avant ou à un après. Rien.

 

Comment puis-je avoir ce souvenir si précis, si vivant, et être incapable de le situer, dans le temps ou dans l'espace ? Était-ce la réalité ? Est-ce un rêve ? Mystère de la mémoire et de son travail de reconstruction si singulier.

 

Alors, si ma description évoque quoi que ce soit pour un ancien pèlerin qui passerait par ici, je serais heureux de voir ce mystère s'éclaircir. En même temps, il me plaît de garder à cette ville, à ce souvenir, son caractère fantasmagorique et incertain. Elle me dit, à sa manière, que le chemin conserve une part qui échappe à toute maîtrise. A toute exhaustivité. Une part d'insaisissable. Le chemin, pas plus que la vie, ne se laisse circonscrire. Impossible d'écrire un mot qui en soit le dernier, ni d'y mettre un point qui soit final.

 

Inépuisable est la réalité, infini est le rêve. Et c'est tant mieux !

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commentaires

M
Je vous propose Belorado ;-)
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P
Gagné ! Je vois seulement votre commentaire maintenant, j'ai vérifié, c'est juste ! Belle intuition ! :))